Consanguinité, hyper-type, maladies génétiques … les dérives dans la sélection de nos poules de race par des éleveurs qui s'improvisent apprentis généticiens.
Coucou tout le monde !
Dans cet article, je tiens à vous parler des dérives concernant la sélection abusive de certains éleveurs (enfin certains … beaucoup même !) … comme une grosse consanguinité jusqu’à l’hyper-type, en passant par le tri des sujets non conformes à un standard, chez nos animaux domestiques, dont nos chères cocottes qui n’ y ont malheureusement pas échappé.
Dans cet article je parle des poules, car c’est un blog de poules, mais il en est de même pour absolument tous les animaux vivants avec l’humain !
… Du chien au chat, en passant par les animaux de ferme comme la vache ou le cheval, et les n.a.c comme les reptiles et les hamsters.
… Ainsi que les animaux sauvages en captivité, comme le lion blanc et tigre blanc.
Aucun animal n’échappe à cette sélection abusive pour le plaisir de certains humains.
Je sais que je ne vais pas me faire que des amis en postant cet article, mais j’en ai plus que marre que des humains fassent passer leur plaisir avant celui des animaux.
Mais ça peut aussi ouvrir les yeux à certain.e.s. Et ça peut aussi servir aux futurs adoptants à bien choisir leur éleveur pour l’achat d’un animal !
Un peu d’histoire sur la sélection de nos animaux
Dans le passé, pendant la domestication des animaux, la sélection a permis d’avoir des animaux plus dociles, leur acclimatation aux différents lieux de vie de l’humain, … Ainsi que de mieux spécialiser des races de chiens par exemple, comme pour la chasse, la garde ou conduite de troupeau, ou juste pour la compagnie, ou un chien polyvalent qui peut aussi bien être un chien de travail et de compagnie le soir à la maison. Idem pour toutes les autres espèces.
Les races ont essentiellement été donc créées our les spécialités q utiles à l’humain, à son environnement de vie (climats, reliefs, …) et à la localité ... comme la poule Coucou de Rennes qui est une poule sélectionnée pour être acclimatée à la région bretonne. Ou L’Ardennais qui supporte les climats du Nord de la France et de la Belgique, car son ancêtre sauvage, le coq doré, qui vit en Asie du Sud-Est … pas sûr qu’il apprécierait nos températures.
Pour les vaches dites aujourd’hui rustiques, par exemple, elles ont été sélectionnées, à partir de l’Aurochs, pour être des animaux plus dociles, tout en ayant les capacités de pouvoir vivre dans les montagnes comme la Vosgienne.
Des exemples comme ça, il y en a à la pelle !
Les standards suivis de l’hyper-type
Mais c’est au 18ème siècle que tout part en vrille… avec la création des standards.
Les standards conçus pour aider à la création des races, pour fixer la morphologie et le caractère de l’animal … Mais est venue avec ça, l’exploitation abusive de la consanguinité pour obtenir des traits de caractères physiques ou de caractères particuliers.
Si autrefois, la médecine ne connaissait peut-être pas vraiment les problèmes qu’entrainait la consanguinité., aujourd’hui on le sait, et elle a d’ailleurs été interdite chez l’humain, depuis 1980 / 1983 je crois. Pour des raisons culturelles et morales, mais aussi car cela crée des problèmes de santé, allant de la malformation à la mort du fœtus, et donc réduit considérablement la qualité de vie et cette durée par la même occasion.
Nous sommes nous-mêmes des animaux. Ces problèmes liées à la consanguinité sont les mêmes chez les autres espèces (mammifères, oiseaux, insectes, …).
Et au 19ème siècle … alors là … l’hyper-type est depuis à la mode !
L’hyper-type est l’exagération d’un ou plusieurs traits physiques, qui sont souvent des malformations à la base, et qui sont gardés pour donc accentuer le phénotype (apparence) du standard de la race.
En commençant avec les chiens (comme le bulldog Français et Anglais), la Carlin, le Berger Allemand, … qui continuent de souffrir pour le plaisir humain.
Les chats aussi, en même temps que les chiens, … par exemple le Persan, qui est la version brachycéphale des bulldogs ou du carlin. Il y a aussi le Maincoon : d’un grand chat élégant, on est passé à l’humain qui aura le chat le plus grand et le plus lourd, avec la tête carrée possible.
Ensuite, on a eu les studbooks des chevaux et poneys. le Pur-Sang Arable par exemple, où le physique a primé sur le caractère du cheval. Donc un cheval qui a peur de tout, le chanfrein qui s’est convexé à l’extrême en moins de 50 ans, et la santé … je n’en parle pas ! Pourtant avant c’était un cheval fin et athlétique, mais solide et courageux (assez pour accompagner leur cavalier à la guerre !) L’agressivité a aussi été poussée dans certains élevages (bah oui, un cheval avec de l’agressivité … ça montre qui est le plus fort là-dedans !) … Le Frison aussi, d’un cheval de trait solide, on a des chevaux à la santé fragile à cause de la grande consanguinité, où seul sles chevaux de couleur noire uniquement ont été sélectionnés. Donc … voilà …
Et les animaux de ferme, qui ont été remplacés par les mots animaux de rente … ont aussi vu l’hyper-type et la consanguinité mais pour augmenter la productivité (vous comprenez maintenant pourquoi ils ont été renommés animaux de rente ?!) … Pour la vache par exemple, on est passé d’environ 8 à 10 litres de lait à plus de 50 litres pour les vaches laitières comme la Prim’Holstein.
Pour la poule, on passe d’une ponte saisonnière à une ponte qui dure toute l’année avec environ 300 œufs par an pour la poule hybride (poule rousse) industrielle.
Chez nos cocottes aussi
Et nos cocottes dite d’ornement ou de race n’ont pas échappé à cette sélection abusive.
Elles sont aussi victimes d’une grosse consanguinité et d’élevage poussé sur l’hyper-type.
Par exemple, chez les poules, on a la race Serama, qui, à la base, devait être juste une poule de petite taille. Elle est devenue une poule avec une grosse malformation des vertèbres, du cou jusqu’au bassin. Elle est complètement renversée vers l’arrière.
Certains trouvent ça beau ! Beau avant le bien-être de l’animal … pour le plaisir de l’humain !
Expérience perso : La serama est une de mes races favorites, quand elle n’est pas hyper-typée … J’adore ces petites poules. Elles sont toute mimi, gentilles … de vraies petits cœurs d’amour. Mais avec la grosse consanguinité dont elles sont victimes, pour aller dans le toujours plus petit, plus malformé sur le dos, …
Elles sont vraiment en mauvaise santé, leur qualité de vie est principalement de la souffrance, et leur durée de vie est bien courte.
J’en ai fait l’expérience encore, avec Sucrette, une petite serama de quelques mois, que j’avais achetée chez un éleveur, avec sa sœur et son frère (eux vont plutôt bien … on croise les doigts !) Elle est morte en souffrant à cause de la malformation de son cou. Elle avalait péniblement l’eau et la nourriture, et en faisait des convulsions.
Un soir je l’ai retrouvée morte étouffée par les convulsions. Mais bon … au moins elle ne souffre plus la pauvre petite mère.
Donc j'arrête cette race. Elle souffre vraiment trop .
Quelle que soit l’espèce animale, ces sélections, qui sont purement pour le plaisir de quelques humains, sont simplement de la maltraitance programmée.
Mais ces gens sont prêts à tout pour aller se pavaner devant les copains aux expos avec leurs poulettes hyper-typées, encouragés par les clubs de race, dont les représentants font de même.
Bien sûr, toute cette reproduction consanguine n’est suivie par aucun professionnel de la génétique !
Cela est fait par des éleveurs qui s’improvisent généticiens du dimanche. Sans donc aucun vrai suivi derrière.
Pour moi, ces gens n’aiment pas les poules mais uniquement les concours, pour gonfler leur égo.
Pour moi, un vrai éleveur fait attention à ses lignées de reproducteurs en ne faisant ni consanguinité, ni hyper-type. Et cela n’empêche en rien de faire des expos !
Heureusement certains éleveurs font attention à leurs poulettes, font un tri respectueux en mettant les poules et coqs non sélectionné.e.s à la vente, soignent leurs cocottes quand il le faut, etc.
Mais même en faisant attention aux reproducteurs que nous prenons, à cause des éleveurs qui pratiquent la consanguinité depuis plusieurs années., cela a tellement appauvri la génétique que pratiquement tous les poulets sont des mêmes lignées, surtout quand on les sélectionne sur la couleur.
Expérience d’une amie qui voulait élever des Brahmas Blancs.
Pour avoir plusieurs reproducteurs de Brahmas de couleur blanche, elle avait été chercher les poules et coqs aux quatre coins de la France pour avoir différentes lignées. Mais il s’est avéré qu’ils avaient tous les mêmes ancêtres communs plus ou moins proches.
Expérience personnelle vis-à-vis des éleveurs mal honnêtes sur les reproducteurs.
En commençant mon élevage de poules de compagnie, je me suis moi aussi, comme de nombreux débutants, fait avoir par des éleveurs prêts à tout pour vendre !
Les Sabelpoots
Lorsque j’avais été chercher des œufs fécondés de Sablepoots j’avais demandé au monsieur s’il travaillait en consanguinité. Il m’avait dit qu’il en faisait très peu, donc juste pour travailler la couleur en faisant attention à l’hérédité.
Oui … mais à peine entre 4 et 11 mois, après la naissance des poussins, dont certains avaient été adoptés, notamment le surplus de coqs … toute la couvée est tombée malades, les uns après les autres.
Ça a commencé par 8 poussins (poules et coqs) adoptés chez une dame qui les aimait énormément. Et a tout fait pour les soigner au mieux. Ils sont morts les uns après les autres.
Il s’est avéré que vers février 2023, elle a emmené 3 survivants chez un vétérinaire à Paris pour les sauver. Et après résultat d'analyses, la couvée était consanguine à 80% ! … C’est vraiment énorme. Pour moi, ça ne devrait même pas dépasser les 30% si on veut vraiment travailler le phénotype.
Les deux derniers ont dû être euthanasiés car ils souffraient trop.
Enfin … entre temps, un coq de cette couvée, nommé P’tit Biscuit avait été adopté par un résident d’un Ehpad, où je fais des séances de médiation animale chaque semaine.
Je raconterai cette histoire sur un post à part. Mais il y avait eu un énorme coup de cœur entre ce monsieur de 90 ans et ce petit coq.
Ce monsieur était tellement heureux d’avoir son propre petit animal ! et ce petit coq reconnaissait le monsieur et allait directement le voir dès notre arrivée à l’Ehpad chaque semaine !
Mais ce petit coq à cause de la consanguinité trop poussée a aussi eu des problèmes de santé et est mort en souffrant. Il a dû être euthanasié.
Donc ce monsieur qui avait retrouvé une joie de vivre grâce à son P’tit Biscuit est maintenant très malheureux.
Et pour finir avec cette couvée de Sabelpoot, il y a eu P’tit Sablé que la dame qui avait eu un énorme coup de cœur pour lui, n'a gardé qu’environ une semaine. À cause de ces gênes appauvris et donc une résistance très réduite au changement d’environnement, il est tombé malade et est mort à son tour … en souffrant lui aussi.
Seulement 2 petits coqs se portent bien pour le moment. Mais ils ne sont pas de la même couleur que les autres, donc peut-être moins consanguins ( ?).
Ah c’est sûr, morphologiquement, ces poules et coqs Sabelpoot, ils étaient parfaits et étaient parfaitement dans le standard de la race.
… Mais à quel prix ? … Le prix de petits poulets qui ont souffert et des humains qui les aimaient malheureux.
… Tout ça pour l’appât du gain de gens sans cœur.
C’est quoi un vrai éleveur ?
… Enfin une poignée de vrais éleveurs et moi-même, nous aimons plus la poule (ou tout autre espèce hein) plus que de gagner des concours.
On peut tout à fait élever des poules de race avec des sujets respectant le standard, mais sans consanguinité, sans hyper-type ou autres sélections abusives.
Ah c’est sûr, ça demande un peu plus de temps, pour chercher les reproducteurs qui conviennent sans être du même sang les uns les autres et donc renouveler régulièrement les gênes pour garder un patrimoine génétique large. Il faut faire avec les quelques petits défauts (mais sont-ils vraiment importants ? … car ce sont ces petites différences qui rendent unique un individu).
Enfin … voilà … ça s’appelle respecter les animaux !
Avancées pour les chiens et les chats (mais pas pour les autres animaux)
Chez le chien et le chat, on commence à faire marche arrière sur la consanguinité, depuis seulement 2017 (il en aura fallu du temps hein !), on s’est rendu compte que ça ne va pas ! Les hyper-types trop poussés commencent sur certaines races à être disqualifiés dans certains concours. Et les animaux trop proches génétiquement, quand les saillies sont déclarées, sont interdites.
Mais à part les chiens, chats, chevaux et certaines espèces aux lignées reconnues, en France, nos cocottes, et les n.a.c en général, n’ont pas de fichiers officiels, aucun pédigrée (ça commence en Allemagne et quelques autres pays mais on n'y est vraiment pas encore en France hein !) … Donc si les clubs de race eux-mêmes ne font pas des fichiers des lignées et règlements sur la reproduction et hyper-type, rien ne peut vraiment bouger, à part les éleveurs respectueux de leurs animaux !
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